Le Yoga est-il politique ?
- Elisa Jouannet

- 16 oct.
- 2 min de lecture
J'entends parfois, dans des interviews ou en personne, l'idée que le yoga devrait rester en-dehors de la sphère politique, que donner son avis ou être engagé.e politiquement ne va pas avec l'idée du yoga.
Ah bon ? Vraiment ?
Prenons le corps, pour commencer, puisque les postures de yoga sont souvent ce à quoi il est identifié. Dans la mesure où les normes sociétales influencent les modes, modèles véhiculé/es et donc comment les personnes peuvent s'identifier : est-ce que notre corps ressemble de près ou de loin à ce que le système en place montre comme l'idéal à atteindre ou pas ? Dès lors, les positions, la quête d'étirement, la performance 'sportive' qui peut motiver à faire du yoga découle des idéologies en place. Imaginez que les corps noirs, en obésité ou avec des formes, que la paresse et la lourdeur soient les nouvelles références ? La pratique du yoga changerait probablement avec norme.
Oui, le corps est profondément politique.
La santé ensuite, puisque l'une des motivations premières pour pratiquer le yoga est de prendre soin mentalement et physiquement : de lâcher prise, de rétablir un équilibre après des burn outs, de soigner les maux (souvent créés par le stress).
Des hôpitaux proposent parfois des séances de yoga pour apaiser les douleurs, rétablir une respiration plus libre, faciliter la rééducation etc. Les hôpitaux étant des établissement publics, par exemple, les budgets alloués aux médecines dites 'douces' au sein de ces structures dépendent en partie des décisions politiques. Aussi, les facteurs de stress qui causent de multiples pathologies sont évidemment liés aux conditions de travail (politique), aux situations financières (politique), aux pollutions (politique) et aux interactions entre individu et environnement (politique).
Oui, la santé est profondément politique.
La spiritualité - parce qu'en fait, le yoga c'est d'abord un chemin spirituel (une religion à la base), est elle aussi reliée à des modes et tendances véhiculées dans les médias. L'essor du courant de pensées New Age au XXième siècle a, par exemple, facilité le retour en force du yoga et des philosophies orientales auprès d'un public occidental en quête de sens (guerres mondiales, mouvement Hippie). Les expressions telles que "ouvrir ses chakras" ou encore "good vibes only" sonnent comme un héritage de cette démocratisation et appropriation culturelle de concepts philosophiques adaptés aux contemporain/es. Evidemment, les décisions politiques influencent quels dogmes ou organisations religieuses sont acceptées sur le devant de la scène nationale, quels instances sont subventionnées, mais aussi quels courants de pensées sont jugés sectaires alors que d'autres sont marchandisés jusqu'à être utilisés sur des T-shirt.
Oui, la santé est profondément politique.
Je pourrais étendre l'article sur les intrications entre Yoga et activisme (justice sociale, écologie, féminisme) ou sur l'utilisation militaire du yoga (conflits israélo-palestinien, gouvernement nationaliste indien) mais je terminerais ici par une définition de "politique" : "Qui a rapport à la société organisée".
Qu'est-ce qui alors n'est PAS politique ?
Qu'est-ce qui alors sort de l'ensemble organisé du vivant ?
Selon moi, absolument tout est politique. Y compris le yoga.
Et vous ?
Chaleureusement,
Elisa




Commentaires