Résolution du trauma : à quoi s'identifier ?
- Elisa Jouannet
- il y a 1 jour
- 2 min de lecture
Depuis quelques années, le mot 'trauma' devient plus courant, presque populaire.
De quoi parle-t-on exactement ?
Du grec ancien signifiant "blessure", nous pouvons comprendre les traumas comme les blessures psychologiques et/ou physiques que nous vivons, ou plutôt les traces que ces blessures laissent sur nos comportements, croyances, habitudes de pensées.
La démocratisation de ce terme et de cette compréhension - issue d'un modèle biopsychosocial qui tend à considérer l'individu comme un ensemble (corps, esprit) pris dans un ensemble de facteurs l'influençant (société, environnement), permet aussi de voir apparaitre de nombreuses modalités de traitement et un plus vaste choix en terme d'accompagnement, de lectures, de ressources.
L'espoir, pour moi, est que cet élargissement de notre conscience collective aux blessures et éléments qui nous impactent nous permette de développer davantage de compassion tout en trouvant les outils pour prendre nos responsabilités (et ce, à tous les étages de la société, de l'individu aux états décisionnaires...).
Pour autant, la découverte de nos blessures peut tellement secouer nos modes de fonctionnement ultérieurs qu'une identification extrême s'invite aisément : nous devenons victimes de nos blessures, la 'faute' est mise sur l'évènement/la personne qui a causé nos blessures ou encore, le fait de se sentir 'traumatisé' peut tellement devenir notre identité que nous commençons à voir la vie seulement du côté traumatique.
Notre attention est alors uniquement portée sur ce qui est négatif pour notre santé, ou comme un récit auto-réalisateur, nous nous engouffrons dans des situations qui viennent valider nos croyances personnelles : "tu vois! je gâche toujours tout", "je te l'avais dit, je ne suis pas fait.e pour être aimé.e" etc.
Il me semble essentiel de distinguer que nous sommes à la fois teinté.es par nos traumas ET porteur.ses d'un rôle décidant dans le processus de guérison/transformation : nos héritages traumatiques ne sont pas des prophecies déterministes ; un changement est possible, une conscience des deux aspects de nos vies peut se développer.
C'est là que l'on sort de l'hyper-identification : nous avons vécus des évènements difficiles, nous sentons les résidus de nos réponses de stress pas complétées, nous pouvons reconnaître l'impact que ces traumas ont eu sur nous, ET, nous ne SOMMES PAS nos pensées/émotions/sensations/comportements ; nous vivons des expériences, nous ne sommes pas ces expériences. Nous sommes la conscience qui vit ces expériences.
Dès lors, nous créons une distance, comme détacher les miasmes d'une atmosphère pesante collés sur notre peau et se sentir plus léger.e, avec plus d'espace ; c'est pour moi le chemin de guérison : retrouver de l'espace, retrouver l'accès à un paysage plus coloré, plus nuancé, sortir du tout noir ou tout blanc, aller vers la vie, SE retrouver, intégrer ces évènements dans un ensemble qui fait (relativement) du sens pour nous dans la mesure où nos traumas ne nous empêchent plus de vivre dans le présent, en accord (progressif) avec notre authenticité.
Oui, c'est le chemin d'une vie.
Oui, c'est ce que le yoga nous apprend aussi : revenir à la maison, à l'intérieur de Soi.
Chaleureusement,
Elisa

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